Atelier chansons à Mandres Les Roses

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L’atelier du jour se passait à la résidence Verdi de Mandres les Roses. Plus qu’un atelier chansons c’était aujourd’hui un atelier « mémoire et concentration » en chansons.

J’essaye au mieux d’adapter les ateliers en fonction de la population proposée. La résidence accueillant beaucoup de personnes, je laisse le soin aux animatrices, Charlotte et Carole, de choisir ceux qui feront partie de mes ateliers bi-mensuels.

Ce lundi, nous avions rendez-vous au 2 ème étage pour un atelier normalement adapté aux personnes en grande souffrance, sauf que, les plus souffrants ont été raccompagnés en chambre par le truchement de certaines soignantes, et que je me suis retrouvé avec une quinzaine de résidents, plutôt en manque de repère et/ou de confiance en eux. Je me suis donc adapté et leur ai donc proposé, sur la base de chansons Françaises , quelques exercices.

Le résultat a été au delà de mes espérances, et j’ai conclu mon atelier en leur annonçant que leur tête allait très bien. Ils étaient contents d’entendre ça.

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La plupart des «chanteurs du jour »  étaient  en fauteuil roulant, soit pour des questions de repos, soit parce qu’ils ne marchent plus du tout. Ils étaient tous rassurés de constater, que même s’ils ne peuvent plus danser, ou faire des galipettes, ils peuvent encore chanter, discuter, avoir de l’humour. Et nous avons fait les trois ensemble aujourd’hui, et belle manière!

Eva , petite femme agréable très cultivée a gardé toute sa tête malgré ses 99 ans, alors quand elle participe aux ateliers, elle est un moteur pour les autres. J’ai conseillé ceux qui sont un peu « perdus », de se caler sur Eva, de la copier, s’ils ne se rappellent plus bien des paroles, ou de copier Madame Renée, que j’appelle la reine Renée.

Renée est tout à fait étonnante. Quand j’arrive à la résidence elle ne sait pas qui je suis, elle sait juste que je suis là pour son bien, elle me dit: « tu pourrais quand même arriver plus tôt, j’ai cuisiné pour toi ce matin à Becon les Bruyères parce qu’on fête mes vingts et là mon petit Jean Pierre, c’est une duchesse qui te le dit alors quand même tu peux la croire en Anglais… », et tout ça avec sourire et gentillesse.

Mais lorsque Renée chante, elle est sidérante, elle connaît tout par coeur, quelque soit l’époque, et souvent elle me sert de prompteur, comme elle anticipe un peu les phrases qu’elle chante, j’ai juste le temps de rectifier quand je me plante.

Notez qu’à la fin de l’atelier , Renée ne sait plus qui je suis, ce que je fais là, ni rien… Mais pendant une heure, elle est connectée avec moi, dans la musique, et uniquement dans la musique. Je suis à chaque fois impressionné. Et puis aujourd’hui Renée a interrompu l’atelier pour me dire : « Vous êtes beau, je voulais vous le dire, vous êtes même très beau, et votre présence nous fait du bien à tous ». Merci Reine Renée.

Je l’appelle Reine Renée parce que cette femme que je côtoie depuis 3 ans a toujours un port de tête d’une droiture noble et une classe folle.

J’ai testé quelques exercices pas faciles aujourd’hui, du genre, je les accompagne sur une chanson, ils n’ont aucun texte à disposition, je ne dis pas un mot, et on va jusqu’au bout de la chanson. Je leur fais confiance et réciproquement et du coup ils ont confiance en eux.

Résultat très convaincant. Ils mettent toute l’application possible, soit à se rappeler, soit à se caler sur Eva ou Renée ( ce qui est déjà un bel effort), soit encore à faire lalalala quand ils ne savent vraiment pas, mais ils s’accrochent et vont au bout. Je suis fier, très fier, de pouvoir faire ce genre d’exercice après quelques mois de complicité.

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Enfin vous l’aurez compris je suis fier et heureux de cet atelier « mémoire et concentration » et du coup je voudrais ajouter un bémol :

Le bémol du jour est attribué …. aux soignantes qui papotent pendant tout l’atelier, à 3 mètres de nous, croyant peut être qu’à cette distance on ne va ni entendre leurs grosses voix, ni les sonneries de leurs téléphones. J’ai dû interrompre certains exercices pour demander le silence, pire encore, quelques résidents ont eux mêmes réclamé qu’elles se taisent.

Je devrais peut être leur expliquer le sens de mon travail puisqu’elles ne comprennent pas d’elles mêmes que les personnes atteintes de troubles de mémoire ont besoin de silence pour se concentrer…

Quand on ignore, au moins on respecte. C’est ce que m’ont appris mes parents.

Prochaine étape à Verdi : un atelier « musicothérapie » à l’unité de vie protégée, dans 15 jours.

 


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