Je dois avouer que les liens existants entre les résidents de « Verdi » à Mandres les Roses et moi sont assez forts. Cela fait plus de trois ans que je viens fêter leurs anniversaires et un an que nous partageons des ateliers chansons.
J’arrive toujours au moins trente minutes en avance. C’est le temps qu’il faut pour dire un petit mot à chacun. Ils arrivent au compte goutte et attendent sagement dans le hall que la « salle des fêtes » soit propre et donc disponible.
Hier, j’ai proposé à Géraldine et Carole, les deux animatrices de la maison, de changer un peu la disposition habituelle. Nous avons donc créer une ambiance de bistrot. Trois personnes maximum derrière chaque table ronde. Les tables dispersées dans la salle, les résidents étant ainsi tous tournés dans le même sens, façon « cabaret ».
C’est exactement ce qu’il fallait pour que les résidents soient ensemble, concentrés, face à moi.
D’habitude nous les installions en cercle le plus large possible autour de la pièce, c’était bien mais il arrivait que certains soient perturbés par quelqu’un en ligne de mire.
Hier rien de tout ça.
Des anniversaires aux allures de concert privé, avec un public très à l’écoute, joyeux et enthousiaste, participant de belle manière.
Le personnel, que je commence à bien connaître est extrêmement compétent.
Alors que l’actualité du jour mettait en exergue les problèmes des maisons de retraite, manques de moyens et de personnel, absentéisme, découragement, certaines soignantes de « Verdi » ont mis beaucoup de coeur à participer à notre événement du jour.
Je cite de mémoire, Nora, Anne-Marie, Fatou, Sylvie, et les félicite pour leur belle attitude pendant l’animation. Même, Béatrice (comptable) a fermé son bureau quelques minutes pour venir chanter avec nous.
Afin de vous éclairer au besoin sur la situation des EHPAD je vous joins un lien assez explicite :
http://www.20minutes.fr/societe/2107651-20170721-maisons-retraites-chroniques-systeme-bout-rouleau
Depuis que j’anime les anniversaires à Mandres, seule la directrice de l’établissement ne nous a pas honoré de sa présence. J’espère encore avoir l’occasion de faire un duo avec elle, pour le plus grand plaisir des résidents, et j’imagine du personnel soignant.
Les résidents étaient très nombreux aujourd’hui. Nous avons affiché complet, ce qui est assez fréquent là-bas.
Par contre ce qui est plutôt rare, et que j’ai trouvé formidable, c’est que l’UVP (Unité de Vie Protégée) était là au grand complet! Bravo ! Belle initiative des animatrices et des soignantes de l’UVP, notamment Natalina qui fait un travail remarquable au sein de cette unité.
Géraldine et Carole se bougent vraiment pour le bien-être des résidents. Elles font beaucoup, et dans le « beaucoup » il y a aussi l’amour qu’elles portent à nos anciens.
Nous avons chanté et dansé pendant une heure et c’était vraiment un moment de bonheur, pour eux comme pour moi.
Ils connaissent beaucoup de chansons et sont de plus en plus à l’aise avec moi. Ils se lâchent donc plus au niveau vocal. Ils osent et ils ont raison car ils font bien les choses.
En réponse à leurs félicitations je leur dis souvent : « Bravo à vous surtout ».
De même que je leur demande de s’applaudir entre eux.
Ils prennent peu à peu conscience qu’ils sont capables de faire des choses, que ce n’est pas parce qu’ils sont âgés et en maison de retraite que la vie s’arrête et qu’ils sont devenus « bons à rien » . Il reste tellement à faire, à apprendre encore. Tellement de plaisir et de joie à partager…
Nous avons souvent cette discussion ensemble à la fin d’une animation. Je leur demande s’ils sont fiers d’eux, ils me répondent que oui, et je leur dis qu’ils ont raison de l’être.
Côté chansons :
Le répertoire du jour, improvisé comme à chaque fois, s’est étalé de « Wight is Wight », chanson préférée de ma copine Eva (99 ans), à La vie en rose dont le chant collectif était de toute beauté.
La plus étonnante chanson du jour était Elle a les yeux revolver de Marc Lavoine reprise en choeur par tout le monde et fort bien chantée. Etonnant de voir tous ces visages souriants et ridés de personnes octo et nonagénaires reprendre le refrain (pour certains même les couplets) de ce titre qui correspond plutôt à ma génération.
C’est sans doute aussi à cela qu’on reconnait une bonne chanson.
On a aussi dansé. Une valse ou deux pour quelques amateurs, et un peu de disco avec la présence exceptionnelle des Clodettes de Verdi.
J’ai terminé avec une très douce version de « Chez Laurette » et des choeurs qui m’ont mis des frissons.
Quelques « Joyeux Anniversaire » de circonstance pour les élus d’octobre. Patrick, Jean Marc, Stéphanie, Anna, Hubert, ont reçu un cadeau de la part de l’établissement.
Nous avons trinqué ensemble pour clore cette belle journée.
Une résidente (98 ans) que je voyais pour la première fois et dont j’ignore le prénom, s’est levée et dirigée vers moi pour me remercier. Aussitôt j’ai entamé un pas de danse avec elle en fredonnant un air de tango pour qu’on se marre un peu…
Et c’est là que j’entends une soignante dire : « bin alors ça! Madame x…, je ne vous ai jamais vu comme ça! et sans déambulateur en plus! bravo! » et une des deux animatrices lui répondre : « ah oui mais aujourd’hui Laurent est là, Laurent c’est notre guérisseur maison »
Je vais finir par me prendre pour le Messie! Evidemment je plaisante!
Vous qui lisez ces lignes, n’allez pas croire que j’ai chopé un énorme Melon! Ma tête est bien assez grosse comme ça, tout va bien.
Plus sérieusement , je crois que la chanson populaire n’est peut être pas un si mauvais remède que ça.
Et plus simplement, au même titre que les équipes soignantes, ceux qui animent, s’ils y mettent du coeur et de la tendresse font du bien aux maux de l’âme, et c’est déjà ça.
Prochain rendez-vous à la résidence Verdi, lundi prochain pour un « atelier chansons mémoire » à l’unité protégée, qui je le rappelle, héberge des personnes souffrant de maladie d’Alzheimer (ou similaire).
N.B: La politique de la résidence, c’est zéro photos sur le net. D’ailleurs même en interne, je n’ai jamais vu de photos. Mon expérience me dit que les résidents aiment bien se voir en photo à la suite d’une animation. On passe de bons moments ensemble. Peut être aimeraient ils retrouver ces bons moments affichés sur les murs du hall de la résidence? Cette question reste en suspens.