Mercredi 17 juin, pour la seconde fois en 15 jours, je suis allé rendre visite au nombreux résidents de l’Ehpad Catherine Labouré dans le 12 ème arrondissement de la capitale.
Cette belle et grande maison fait partie de l’association Monsieur Vincent et me fait confiance depuis son inauguration, j’en suis flatté et profondément touché.
http://www.monsieurvincent.asso.fr
Monique, l’animatrice de la maison, m’avait demandé de revenir le plus tôt possible quand elle s’est aperçue du bien être des résidents après 3 mois de confinement compliqués.
On se connaît bien Monique et moi. Nous avons travaillé main dans la main pour de nombreuses animations à la résidence Antoine Portail (Paris ) et lorsqu’elle a accepté le poste dans cette maison du 12 ème, nous avons continué notre collaboration. Une entente simple et efficace pour le bien être des résidents et c’est tout ce qui nous importe l’un et l’autre. J’aime ce genre de relation.
« Allo Laurent , es tu dispo à telle période? propose moi des dates stp... » et nous bloquons des dates à l’année. Et quand je viens, elle assure son travail , et moi le mien , simplement.
J’apprécie ce genre de personnes. Elle n’est pas « soignante » , moi non plus, mais nous avons ce point commun d’aimer les gens, de les respecter et surtout de ne pas les infantiliser ni de les prendre pour des idiots.
Je suis donc arrivé plus tôt cette fois-ci car la dernière fois (le 04/06) j’étais un peu frustré d’enchaîner les chansons dans les étages et de ne pas avoir de temps pour parler à chacun, d’autant qu’il y a beaucoup de résidents que je commence à bien connaître. Je les appelle par leurs prénoms, eux me tutoient plus difficilement mais ça commence à venir.
Rappel de la dernière prestation post covid :
J’avais donc proposé à Monique de commencer à 14h et de finir impérativement à 16h, ce qui me laissait le temps de faire assez de chansons par groupe (environ 6) et de garder du temps pour leur parler , prendre de leurs nouvelles et déconner un peu.
Finalement ça a été 14h15 (le temps d’un café en arrivant) jusqu’à 16h15.
Nous avons commencé par le 5ème étage et sommes descendus progressivement comme la dernière fois.
Ce qui m’a touché est que, plus on descendait plus les résidents étaient nombreux et impatients parce que Monique leur avait fait parvenir un programme sur lequel j’étais prévu à 14h…donc vous imaginez quand je suis arrivé au premier , ils n’en pouvaient plus d’attendre par contre l’ambiance était bouillante grâce, je dois l’avouer, aux soignantes qui sont exceptionnelles !
J’avais bien entendu ma visière qui me va à merveille:
Arrivés au cinquième après un accordage rapide de ma Takamine dans l’ascenseur, j’ai été accueilli par bien des sourires au sein de cette unité protégée ( prévue pour ceux qui souffrent de troubles de la mémoire et/ ou du comportement), sourires des résidents mais aussi du personnel.
Nous étions dans un petit salon, 6 ou 7 résidents , deux ou trois soignantes, Monique et moi.
J’ai attaqué avec une chanson de Souchon et ensuite, en discutant, ce sont eux qui m’ont aiguillé sur les chansons à jouer… et ça a été un festival Hervé Vilard et Christophe ! Les gens de cette unité ne sont pas très vieux .. entre 60 et 70 ans.
Certaines se sont levées spontanément pour danser, les visages se sont allumés ensemble. Un homme dans un coin faisait le chef d’orchestre, un femme chantait tout par coeur et me demandait si je venais à Paris bientôt, un autre dessinait en souriant, une femme (qui semblait un peu perdue quand je suis arrivé) est restée concentrée, sourire aux lèvres, une autre est arrivée en me disant bonjour Laurent, heureuse de te revoir, je me suis souvenu qu’elle aimait Hervé Vilard et c’est comme ça que tout a démarré.
Après 6 ou 7 chansons , je les ai quittés à regret pour aller voir leurs amis, ailleurs… J’aurais vraiment aimé passer plus de temps avec eux… et je repense aux ateliers chansons en unité protégée que j’ai pu faire à droite à gauche, notamment pour deux établissements qui n’ont pas vu l’intérêt de dépenser de l’argent pour le bonheur de si peu de résidents.. Je ne les cite pas, ils ne le méritent même pas…un jour peut être…
J’ai franchement eu des frissons en jouant dans cette unité de vie protégée ce 17 juin.
Passer d’une émotion à l’autre : Au bout du couloir du 5 ème étage, m’attendaient quelques résidents dans une autre unité. un public très disparate : Mes copains Vincent (qui a toujours les larmes aux yeux lorsqu’il me voit) et François (personnage atypique, fan de Johnny). Et puis quelques copines de tout âge , de tous horizons, avec des pathologies totalement différentes. Un joli mélange de personnes dans un univers extrêmement calme, apaisant et aimant.
J’ai joué du Hugues Aufray pour Vincent , du Johnny pour François, du Edith Piaf pour une dame très élégante de bientôt 101 ans et Mamy Blue
Un étage plus bas, l’ambiance était plus difficile à faire démarrer, mais j’étais ravi de revoir Anne-Marie, Andrée et leurs amis… La maladie d’amour est devenue une chanson « test » ainsi que « reviens » d’Hervé Vilard. C’est là que j’ai décidé de lancer le concours des étages. En leur faisant savoir que leurs amis des étages supérieurs avaient été au top sur ces deux chansons là.
Ils se sont joliment appliqués et c’était très touchant. Je fais ça pour les motiver, pour leur donner l’envie, et même si la plupart d’entre eux ne sont pas dupes, ils jouent volontiers le jeu. Merci
Dans les derniers étages l’ambiance allait crescendo. En fait plus je descendais, plus l’ambiance montait en puissance.
Au premier étage, quand je suis arrivé, les résidents semblaient très impatients même si certains, en attendant, s’étaient assoupis quelque peu.
Au bout de deux titres ils étaient bien réveillés et hyper dynamiques ! Les soignantes présentes ne se sont pas fait prier pour chanter et surtout danser autour de moi… Alors cette partie d’animation a duré un peu plus longtemps que prévu. Et c’était chouette, comme dit la chanson!
Alors, elle est pas belle la vie?
Bravo Laurent espère les gens des ephad Ont adoré