Dans le cadre des ateliers chansons « mémoire » à but thérapeutique, autrement appelés ateliers « Musicothérapie » , j’avais rendez-vous à la résidence Les Grouettes  avec un petit groupe de résidents nouvellement constitué ce lundi 21 janvier à 14h30.

En concertation avec la directrice de l’établissement, et grâce à l’éclairage professionnel de soignantes et infirmières, nous avons décidé de modifier le groupe pour laisser l’accès en priorité aux résidents en ayant le plus besoin.

Les ateliers chansons « thérapeutiques » :

Ils s’adressent à une population fragilisée. Les résidents souffrant de troubles de la mémoire et/ou du comportement sont les bienvenus à ces ateliers, sachant que nous sommes obligés de limiter le nombre de participants à 12 ou 13, et c’est déjà beaucoup car chacun doit avoir droit à la plus grande attention de ma part.

Aux Grouettes, je peux accepter jusqu’à 15 résidents parce que je sais qu’au moins une bénévole et deux stagiaires soignantes seront à mes côtés.

Lundi, il y avait deux bénévoles, les illustres Françoise et Cricri, fidèles à leur poste de belles personnes.

Elles s’installent à côtés des plus fragiles, pour les motiver, soit en leur fredonnant à l’oreille, soit en les aidant rythmiquement , soit simplement en leur prenant la main avec douceur.

Et j’avais le plaisir d’avoir à mes côtés trois jeunes stagiaires soignantes : Emilie qui a demandé a travailler le lundi après midi exceptionnellement pour être des nôtres, Loriane et Denise.

Denise est fraichement arrivée à la résidence. Elle est d’origine Capverdienne mais a grandi au Portugal. Je l’ignorais jusqu’au moment où, par le plus grand des hasards, je commence une chanson rendue célèbre par la voix de Cesaria Evora ,Sodade. Et là, Denise me signale qu’elle est capverdienne… je ne  vous raconte pas le trac que j’ai eu…

Cela nous a permis de faire un peu de géographie musicale, tous ensemble, car la discussion fait aussi partie de cet atelier.

Je vous disais en introduction qu’une nouvelle liste de résidents a été établie.

Aucun homme dans ce nouveau groupe. Nous verrons si nous pouvons en inclure un ou deux. J’ai remarqué que la présence d’hommes motivaient ces dames.

Deux résidentes étaient absentes pour raison de santé : Georgette ( ma copine américaine ) et Raymonde. On leur souhaite un prompt rétablissement.

Etaient donc Présentes : Hélène, Annie, Germaine, Messie, Simone, Lucie, Jeanine, Etiennette, Huguette, Georgette plus une résidente dont j’ignore le prénom. Cette dernière a une pathologie du vieillissement qui entraine des troubles du comportement, elle est sanglée dans un fauteuil.

Cette résidente se calme dès les premières notes de guitare, reste très détendue pendant toute l’heure de l’atelier, et recommence à s’agiter quand nous arrêtons de chanter. En m’approchant au plus près de cette dame, je me suis rendu compte qu’elle restait très attentive à ma voix, même si elle ferme un peu les yeux parfois.

Pour les autres, c’est la mémoire ou la concentration qui fait défaut et je tiens absolument à ce qu’ils restent tous connectés avec moi pendant une heure.

C’est aussi pour cela que je demande le maximum de silence de la part de ceux qui vont et viennent parfois dans la pièce ou nous nous retrouvons (un coin du réfectoire). Je sais que je peux paraitre exigeant mais ce silence est vraiment nécessaire à la concentration de chacun. C’est ainsi que je peux faire mon travail correctement.

Les femmes de service ont la gentillesse d’attendre la fin de l’atelier pour nettoyer cette salle, je les remercie.

Quelques quiz musicaux étaient au programme : Annie, Georgette et Neva qui nous a rejoint en cours d’atelier ont remportés les quiz. Germaine s’est aussi bien débrouillée.

Côté répertoire , je citerai quelques titres : la maladie d’amour, le chasseur, chez laurette, les champs élysées ,  Les vieux mariés, à la claire fontaine .

Comme j’avais eu ma petite fille, âgée de 5 mois, à la maison pendant 15 jours et que nous en avons parlé ensemble, elles m’ont demandé si je lui avais joué des chansons. Bien sûr que ouiiiii!!!! Du coup nous avons enchainé avec les « tubes de ma petite fille » :  Pirouette cacahuète  et  Elle descend de la montagne à cheval, que les résidentes connaissent parfaitement.

Les titres d’Edith Piaf sont de loin les plus frais dans les mémoires troublées : Non je ne regrette rien et La vie en rose qu’Etiennette et Annie connaissent  par coeur!

On a passé un petit moment à parler d’Yves Montand – chanteur-comédien – pour qui la plupart de ces dames se rappelle avoir eu le béguin. L’une d’entre elles m’a dit : « autant Yves Montand je comprends le succès qu’il a eu, autant Maurice Chevalier c’est incompréhensible. »  Donc, nous avons chanté Trois petites notes de musique et les Roses de Picardie.

Plus inédit en atelier : Is This Love de Bob Marley, excellent titre pour un exercice de percussions (taper dans les mains ou sur ce qu’on veut), que les participants ont franchement apprécié. J’aime aussi leur faire découvrir des chansons.

Scoubidou de Sacha Distel : « des pommes des poires et des scoubidou bi hou ha » tout en tapant dans les mains en rythme. Exercice difficile que tout le monde a réussi avec brio. A refaire.

Un extrait de chanson en Portugais avec Denise pour le plus grand plaisir des résidentes.

Nous avons terminé avec un  exercice de concentration avec : Aux marches du palais. S’ils sont concentrés, ils répètent ce que je chante…etc…c’est comme ça que la chanson est construite.

Progression des résidents : J’ai remarqué qu’en l’absence de ceux qui n’ont pas de troubles de la mémoire ou du comportement, certains se sont révélés. Ils avaient plus de temps pour chercher des réponses aux questions, et osaient plus s’affirmer. C’est une très bonne chose.

Je pense notamment à Etiennette ou Hélène qui ont pu s’exprimer librement. Les leaders, c’est à dire, celles qui vont motiver les autres, sont devenues Annie, Germaine et Georgette.

Celles qui s’expriment moins en chantant participent quand même aux activités rythmiques et m’offrent de bien jolis sourires. Je parle de Lucie, Huguette et Jeanine.

A la fin de la séance, je leur ai demandé de s’applaudir entre elles et leur ai répété qu’elles pouvaient être fier d’elles.

Personne ne semblait fatigué par la séance. Je dirais même qu’elles étaient toutes plus éveillées qu’en arrivant, ce qui est une bonne chose. Les visages étaient détendus et les coeurs plus légers.

C’est fascinant comme le nom d’un chanteur peut vaguement leur dire quelque chose, le titre d’une chanson aussi, et quand je joue les premières notes, ils percutent, les paroles reviennent pendant la chanson mais la mémoire mélodique est immédiate.

Heureux de cet atelier musicothérapie nouvelle formule. Hâte du prochain, avec les mêmes, lundi 4 février.