Un lundi sur deux je me rends à la résidence « les grouettes »  à St Michel sur orge pour un atelier chansons « mémoire » à but thérapeutique, avec un petit groupe de résidents.

Ce n’est pas le même travail que celui que je fais lors des manifestations type « anniversaires mensuels » dans les EHPAD. C’est un travail qui nécessite le silence relatif (puisqu’il n’est jamais absolu) autour de nous, beaucoup de concentration de la part des résidents et de la mienne, mais aussi une attention à chaque personne pour que tout le monde puisse participer à sa manière.

Chaque personne est différente, chacun  a une pathologie différente, une culture différente, des émotions différentes par rapport à la musique, et notamment , puisque c’est de cette musique là dont on parle, la chanson populaire.

Je suis arrivé à 14h15 ce lundi 8 avril, et comme tout le monde semblait prêt nous avons pu commencer à 14h30 au lieu de 14h45.

Le petit groupe constitué en janvier d’un commun accord entre la direction et moi a repris sa forme initiale. En effet ces derniers temps je m’étais permis d’y ajouter deux personnes parce que j’avais estimé que ça leur ferait bien. En temps normal ces ateliers n’auraient pas été fait pour elles mais leur entrée récente dans l’établissement les perturbait..; alors pour créer rapidement du lien j’avais pensé aux ateliers chansons.

Maintenant elles sont super bien intégrées et vont donc se passer de la musicothérapie. Tant mieux !

Donc ce lundi, j’étais en compagnie de Neva, Myriam, Jeanine, Germaine, Hélène, Huguette, Messie, Annie, Lucie et Etiennette. Alain nous a rejoint les quinze dernières minutes.

 

Comment vas tu Annie ? «  Bof, moyen …mais bon je dis toujours ça et puis après, grâce à la musique avec toi, ça va toujours très bien. »

Ça c’est mon cadeau du jour ! Le genre de réflexion qui me fait un bien fou.

Annie justement, parlons en. De mieux en mieux aurais-je envie de dire. Elle participe à tout : les questions de culture musicale, les discussions, les chansons, les exercices rythmiques, et elle en redemande.

Vers 15 h, un monsieur est entré dans notre salle pour signaler à Annie que la coiffeuse l’attendait. Réponse d’Annie : « le coiffeur ? mais qu’est ce que c’est que ces histoires ? je suis bien là, je chante ..je reste là. »

Ça aussi j’aime bien, non pas que j’en veuille à la coiffeuse de tenter de réduire mon groupe, pas du tout, mais juste qu’Annie décide de ce qu’elle aime ou pas, de ses activités ou pas, ça me plait beaucoup.

Je répète assez souvent aux membres de mes groupes d’ateliers chansons qu’il peuvent et doivent être fiers d’eux, qu’il savent faire encore plein de trucs, que je connais des gens de trente ans qui sont incapables de faire ce qu’eux font.. etc.. alors j’aime quand Annie décide de rester même si ses cheveux ont besoin d’un coup de peigne.

Jeanine a été plus performante que d’habitude. Elle a beaucoup chanté et beaucoup taper dans les mains en rythme. Je suis content de ça et l’ai d’ailleurs félicitée. Jeanine s’intègre au groupe et c’est très bon signe. Cette femme semble très réservée et je la croise souvent aux Grouettes, un peu isolée, occupée à lire des magasines. Aux ateliers, elle partcipe et tout le monde l’apprécie.

Hélène et Messie étaient très attentives et ont très bien chanté également, de même que Myriam, qui a participé aux discussions également, car le répertoire joué part toujours d’une discussion entre nous. Ce sont eux qui m’orientent vers tel ou tel titre , telle ou telle période musicale.

Par exemple, je ne sais plus pourquoi mais nous parlions d’ îles lointaines, notamment celles de l’atlantique au large de l’Afrique. Nous sommes donc arrivés au Cap Vert et nous avons chanté ensemble cette superbe chanson rendue célèbre par la voix de Césaria Evora : Sodade

Ensuite, en parlant des 78 tours et du Phonographe, nous sommes arrivés à parler des chanteurs de rue, et ainsi d’Edith Piaf, et Annie, Myriam, Germaine et Neva ont voulu chanter des chansons de la « môme ».

Les amants d’un jour en fredonnant juste la mélodie en faisant la la la, puis Non, je ne regrette rien en entier. A cette occasion j’ai remarqué que la plupart connaissaient les paroles par coeur, ce qui est franchement bien.

Je leur ai rejoué une de mes chansons, un jardin sur île. Ils ont écouté très attentivement et à la fin je leur ai demandé de me décrire les images qu’ils avaient eu en tête à l’écoute de cette chanson. On refera cet exercice là car les résultats sont surprenants et c’est aussi la porte ouverte vers une nouvelle discussion enchainée avec une chanson.

Tout le monde semblait très éveillé aujourd’hui, et connectés avec moi pendant une heure. Le tout est que personne ne se déconnecte.

Germaine est toujours partante pour la musique. Elle dont le mari était musicien, a baigné dans les mélodies pendant toute son existence, alors quand elle me voit arriver avec ma guitare, son visage s’allume en une seconde, et pendant les ateliers elle est très active! Bravo Germaine.

Je remercie la très jeune stagiaire Jennifer d’ être restée avec nous, et notamment près de notre copine Etiennette  qui a besoin de soutien permanent. Cette dernière a réagi sur toutes les chansons, et même si elle ne chante plus avec sa bouche, le fait encore avec ses yeux souriants. Etiennette chante de l’intérieur, ça se voit.

Prochain rendez-vous aux Grouettes le 18 avril pour faire la fête dans la salle d’animation avec tous les résidents. C’est une animation offerte par le groupe de restauration SOGERES et je sais déjà que le chef cuisinier Raphaël va s’investir et nous préparer de bonnes petites choses à grignoter pour l’occasion.

Puis je serai de retour pour un atelier chansons le lundi de Pâques dans cet établissement que j’aime particulièrement.