C’est par un temps maussade que je me suis rendu à l’Accueil St François (ASF) ce mardi 15 mars. La pluie et le ciel jaune me filait le bourdon mais le soleil était dans mon coeur car j’allais vers mon ehpad préféré faire chanter un petit groupe de résidents choisis, dont, et ce n’est pas rien, une résidente que je connais depuis quelques décennies puisqu’il s’agit de ma maman, Carmen.
La semaine précédente j’avais animé un atelier particulier à but thérapeutique au coeur de l’unité protégée de l’ASF. Ils appellent ce lieu de vie : le Foyer.
Mes amis du foyer m’avaient une fois de plus étonnés par leur concentration, leur humour et leur participation active aux chansons proposées.
Ce 15 mars, ma guitare et moi avions rendez-vous avec le joyeux petit groupe de résidents choisis par Armelle (l’animatrice de la maison), Guylaine (la directrice très impliquée dans les animations de l’établissement qu’elle dirige) et moi même.
Je suis arrivé vers 14h15 dans une voiture salie par le coup de sirocco de la nuit.
Muriel m’a accueilli avec café, sourire, et courrier pour ma mère… comme un prince. Merci
Petit à petit les résidents sont descendus à l’heure dite. Normalement nos rendez vous mensuels ont lieu dans le petit salon mais il était occupé par une réunion du CVS (Conseil de vie sociale).
Nous nous sommes donc réfugiés dans un coin du restaurant. En tirant les rideaux et en plaçant quelques paravents nous avons créé notre petit coin tranquille.
Il faut dire qu’à St François, le bien être des résidents, leurs activités en ma compagnie et par là donc mon travail, sont des choses prises au sérieux. On ne badine pas avec leur plaisir.
Nous avions un coin du restaurant avec l’accès aux cuisines juste à côté. Pas une seule fois pendant notre moment privilégié nous n’avons été interrompus, gênés ou quoi que ce soit d’autre. Dalila est passée prendre quelques photos, idem pour Armelle.. et c’est tout.
J’ai repensé après coup à mes premiers ateliers chansons en ehpad en petit comité dans un établissement public dont je préfère taire le nom. Nous avions aussi un coin du restaurant , pas nettoyé (je dirais même dégueulasse) lors de notre installation, et lorsque les portes de la cuisine s’ouvraient (régulièrement en pleine chanson ou discussion demandant de la concentration), nous avions droit aux chariots de vaisselle que l’on range bruyamment, aux agents de services qui parlent fort entre elles ou au cuisinier et autre commis qui passaient la porte et, nous voyant chanter, éclataient de rire.
Avec le recul, je me dis qu’il y a deux mondes. Il y a en effet des ehpad où le bien être des résidents compte plus que tout et…les autres, privés comme publics. Il y a des ehpad où j’ai l’impression d’être utile et soutenu par le personnel, et certains autres (que j’évite de plus en plus) où ce n’est hélas pas le cas.
Etaient donc présents ce mardi 15/03 : Marie-Thérèse, Josiane, Louis, Carmen, Josette, Hélène, Lucette, Marie-Claire et Claude. Manquaient à l’appel Christiane et Gilberte pour cause de CVS au petit salon et Françoise pour raison de rdv médical.
Nous avons chanté , fait des quiz , discuté, ri, pendant une heure.
Je leur ai fait découvrir certaines chansons (avec un texte pour chacun d’entre eux). Deux chansons de Line Renaud que seule ma maman connaissait puisque j’en suis l’heureux compositeur. Il s’agit de deux titres de son album Rue Washington sorti en 2009.
Les chansons s’appellent « j’en veux encore » et « les torrents d’amour »
Ils ont écouté en lisant puis fredonné dès qu’ils ont compris la mélodie, puis pour certains d’entre eux chanté franchement avec plaisir.
Seule Hélène semblait perturbée par cet exercice car elle aime bien connaître les paroles des chansons et pouvoir les dire quand je chante. Mais elle a lu le texte attentivement et semblait très à l’écoute. D’ailleurs Hélène n’est pas la même en petit comité. Elle est beaucoup plus sage, attentive. J’ai l’impression que ces ateliers lui font du bien et je suis content de l’avoir intégrée au groupe.
Mon copain Claude m’a dit avoir apprécié (il a d’ailleurs gardé les textes) ces deux chansons qu’il ignorait d’autant que l’une d’entre elles (J’en veux encore) a été écrite par Michel Mallory et Claude, en connaisseur, a tout de suite reconnu le nom d’un des paroliers et compositeur les plus célèbres de son idole (Johnny).
Nous avons aussi parlé de chanteurs moustachus et embrayé avec des titres de Brassens, de Moustaki…
Nous avons chanté du Marc Lavoine, du France Gall et Michel Berger, du Michel Jonasz, du Michel Sardou… etc
Nous avons conclu avec la ballade des gens heureux de Gérard Lenorman. Chacun a fait l’effort de chanter un couplet en duo avec moi. Tout le monde a vaincu sa timidité et joué le jeu. Je suis très fier de ça, très fier d’eux, de ce qu’ils me donnent et s’échangent.
Car le but est aussi de tisser du lien entre eux à travers les chansons populaires.
J’ai beaucoup aimé l’attitude de Josette (qui va de mieux en mieux et j’en suis heureux), celle de Josiane qui participe pleinement à toutes les discussions et qui n’est jamais avare de compliments, celle de Carmen toujours très attentive aux autres, de Marie Thérèse qui canalise son trop plein d’énergie , de Claude hyper sociable malgré des airs d’homme bourru (j’aime aussi sa grande sensibilité et son intelligence), de Louis , charmant charmeur , peintre talentueux aimant les échanges verbaux et doté d’une belle culture musicale , de Marie Claire , attentive, souriante, douce et très bonne élève…
Après tous ces efforts, ils se sont installés autour d’une grande table et ils ont pris un goûter (préparé et apporté à l’avance par Dalila). J’ai partagé ce goûter avec eux, occasion pour nous de papoter encore un peu… Armelle était présente. Josiane, Louis et moi sommes partis sur des discussions autour de la mer, de la dangerosité de la baïne , des plages de Biarritz, des sables d’Olonne et du Havre, de sport, de musique , de nos parents, des dimanches en famille, des chants après le repas etc….
J’ai beaucoup aimé ce moment aussi. Carmen était très à l’écoute des autres, pas très loquace, mais très attentive aussi à sa copine Josette. Carmen adore aider les autres. Elle pousse les fauteuils roulant (qu’elle appelle des chariots), est toujours prête à rendre service… c’est le côté que j’aime le plus chez ma mère.
Je l’ai raccompagnée dans sa chambre et je suis reparti franchement heureux de ce joli moment d’amitié lors de cet atelier chansons.
Merci Armelle de te démener autant pour le bien être des résidents et le mien. Tu veux tellement que les choses se passent bien que parfois tu te mets beaucoup de pression. Je te rassure : Tout va bien !
Merci également à Dalila , toujours présente , bienveillante, force tranquille qui veille au grain.
Merci Muriel pour ton accueil toujours sympathique. idem pour Corinne !
Merci Guylaine pour la confiance que tu m’accordes depuis si longtemps.
Et enfin merci aux soignantes qui font un sacré joli boulot et qui prennent autant soin de ma chère maman et des autres résidents.
Prochaine visite musicale à l’ASF , le dernier jeudi de mars, le 30, pour une fête mensuelle pour tous les résidents (ehpad , accueil de jour et unité protégée).
résultat des quiz du jour : Claude 3 points , Josette et Josiane 1 point. Bravo!
crédits photos : Armelle et Dalila