atelier chansons « mémoire » à Mandres les Roses

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Aujourd’hui, lundi 9 avril, j’avais rendez-vous à 14h avec mes amis de l’UVP (Unité de Vie Protégée) de la résidence Verdi à Mandres les Roses.

Tous les quinze jours, nous avons une heure d’atelier chansons ensemble, en petit comité, le nombre de résidents étant réduit en unité protégée.

Pourquoi un « atelier mémoire » ?

Les personnes qui vivent en Unité protégée (ou Cantou, ou Foyer) dans les EHPAD, sont celles qui souffrent principalement de la maladie d’Alzheimer ou assimilée. Leur mémoire a besoin d’être sollicitée en permanence de manière ludique, et l’atelier «  chansons populaires » est une méthode efficace.

De notre naissance à notre départ, nous entendons au moins une chanson par jour. Les mélodies que nous aimons sont étroitement liées à des périodes de nos vies.

Une seule mélodie populaire ravivera la mémoire de tous. A chacun son souvenir lié à cette mélodie. L’un se souviendra de son premier flirt, l’autre de son mariage, du bac de sa fille, de ses copains d’école, des colonies de vacances, de son premier emploi etc…

Les paroles des chansons sont plus difficiles à retenir que les mélodies, mais je reste étonné par la capacité des résidents des UVP à retenir les mots.

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Quand je parle de chansons entendues au cours de nos existences, cela n’implique pas forcément, et j’en fait l’expérience tous les jours, qu’une personne de 90 ans se rappellera mieux des chansons de Tino Rossi que de celles de Michel Delpech ou Marc Lavoine.

Je suis souvent étonné des résultats. En fait je pense qu’une bonne chanson populaire marque les esprits de chacun d’entre nous, quels que soient notre âge et nos goûts musicaux.

C’est pour cela qu’avec les malades d’Alzheimer , nous chantons aussi bien, même parfois mieux Elle a les yeux revolverir?t=laurentfoulon-21&l=am2&o=8&a=B0025MHBYY de Marc Lavoine  que Trois petites notes de musiqueir?t=laurentfoulon-21&l=am2&o=8&a=B009SYDUMO d’Yves Montand.

Sur celle de Lavoine , ils se souviennent parfaitement des paroles et de la musique du refrain, sur celle d’Yves Montand ils se rappellent vaguement de la mélodie, mais les paroles sont plus compliquées et moins populaires.

Plus surprenant encore, il m’arrive de leur chanter des chansons qu’ils ne connaissent absolument pas, parce que trop récentes ou parce que ce sont mes propres compositions (donc aucune chance qu’ils les aient entendues).

Au bout du troisième refrain, ils chantent volontiers avec moi, et si je rejoue la même chanson inconnue en fin de séance, ils chantent dès le premier refrain.

Cela veut dire que la mémoire immédiate peut aussi faire un peu de gymnastique grâce aux chansons.

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L’atelier du jour:

Personne dans le hall de la résidence lorsque je suis arrivé, ce qui est rare. Seule, Carole, l’animatrice de la maison m’attendait pour m’offrir un café (merci) et pour me prévenir que l’établissement subissait une épidémie de virus assez virulent s’attaquant aux bronches.

Je me suis inquiété car je suis fragile de ce coté là et je sors juste d’une grippe avec complications bronchiques. On m’a donc proposé un masque, que j’ai accepté dans un premier temps, puis décliné lorsqu’on m’a dit que l’UVP n’était pas atteinte par cet épisode de virus.

Le chanteur masqué n’aura donc pas frappé aujourd’hui ! Et puis c’est quand même mieux de chanter sans masque, d’autant plus que les résidents de l’unité où je me rendais ont besoin de bien comprendre ce que je chante et la plupart d’entre eux lisent sur mes lèvres.

Le groupe du jour était constitué de : Marie, Hubert, Jacqueline, Madeleine, Anna, Germaine et Odette.

Les deux soignantes présentes étaient : Rokia et Mariam.

Une résidente d’une autre unité (Juliette) est venue se joindre à nous pendant 30 minutes, ce qui lui a évité de prendre la poudre d’escampette, ce que sa pathologie pousse trop souvent à vouloir faire.

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Les résidents savent très bien qui je suis et ce que je viens faire chez eux tous les 15 jours. Ils m’associent certainement à quelque chose de plaisant…

J’ai vu des résidents ne plus trop savoir où ils sont, ne plus trop reconnaître leurs proches, mais me dire bonjour Laurent quand j’arrive.

Aujourd’hui, quand elle m’a vu entrer, Marie s’est écriée: «  Ah il est là, c’est bien! » , Hubert a enchainé :  « C’est super en effet mais il a un prénom, il s’appelle Laurent! ». Ils s’envoient pas mal de piques les deux tourtereaux de l’unité protégée.

Bien qu’agitée au début, Marie a été bien agréable et a participé à toutes les chansons et exercices proposés  ce jour.

Jacqueline, Germaine et Hubert, de plus en plus performants ont chanté, tapé dans les mains, ou encore fait des percussions naturelles et tapant en rythme sur la table.

Seule Germaine et Marie arrivent à chanter en tapant en même temps dans leurs mains.

Madeleine  et Anna sont restées sages et très attentives pendant une heure, ce qui est vraiment bien.

Odette était fatiguée et n’a pas pu se retenir de piquer du nez pendant les exercices mais ce n’est vraiment pas grave. Elle semblait bien et c’est tout ce qui compte finalement.

Rokia et Mariam, assises avec nous autour de la table, ont participé et motivé les résidents du mieux qu’elles pouvaient. Je les remercie pour leur professionnalisme.

Juliette assise derrière moi a bien participé aussi, et du coup est restée calme.

Prochaine visite musicale chez eux, dans 15 jours. Nous inviterons quelques résidents des autres unités comme c’est maintenant le cas une fois sur deux… si toutefois le méchant virus s’en est allé.

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la résidence Verdi côté jardin

A noter que l’UVP est au RDC de l’établissement avec une issue directe dans le jardin clos, ce qui est un plus pour les résidents. L’été dernier Odette était d’ailleurs sortie après l’atelier pour cueillir et m’offrir   deux « Reine-Claude ».

Côté répertoire du jour, nous avons rendu hommage à Jacques Higelin, chanté du Marc Lavoine, Michel Delpech, Edith Piaf, Michel Sardou, Pierre Perret, France Gall, et deux très vielles chansons: A la claire fontaine et Le temps des cerises. Vieilles chansons qui n’ont pas pris beaucoup de rides quand même.

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Et le temps des cerises approche doucement. Les cerisiers en fleur nous racontent que l’hiver est derrière nous et ça fait du bien à la tête.

La chanson populaire comme pansement sur les maux du cerveau? Je le crois. La chanson populaire s’adresse à tous, comme son nom l’indique. Elle n’a pas de barrières, ni sociales, ni raciales, ni intellectuelles.

Elle fait juste du bien à celui qui l’entend mais aussi à celui qui la fredonne, et c’est pour ça qu’on l’aime.

 

 

 

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