Mercredi 5 février restera pour moi une soirée inoubliable. Ça se passait à Paris 15 ème, dans un endroit comme on n’en fait plus, et le petit fils de « bistrotier Parisien » que je suis et dont je suis fier n’en a eu que plus de frissons.
Le lieu :
Un bistrot qui s’appelle « Aux sportifs réunis » ou « Chez Walczak » si vous préférez, situé au 75 rue Brancion. Quand on se gare devant on est en 2020, quand on entre on est en 1956? 1952? 1964? Va savoir… en tout cas on s’y sent bien immédiatement. On est chez des potes.
Et quand je dis « quand on entre » , il faut pouvoir car y a pas de poignée sur la porte, elle ne s’ouvre que de l’intérieur, alors tu tapes au carreau et on t’ouvres…ou pas.
En plus d’être un bistrot, c’est un musée, une boite à souvenirs restée dans son jus pour le plus grand bonheur de ceux qui y pénètrent.
On imagine Brassens assis à sa table habituelle, en train d’écrire un de ses chefs d’oeuvre, ou Lino, Gabin, Bourvil, Belmondo, Charles Gérard à l’heure de l’apéro, ou encore Renaud sur les traces de son maître…
On est reçu par Jean Louis, le patron, champion de tennis de table, Fils de Yanek Walczak, champion de boxe, créateur de cet endroit mythique.
J’ai trouvé une interview plutôt bien foutue et vous invite à la lire pour vous faire une idée de ce lieu rare et émouvant:
Le patron :
Jean -Louis : Ce type là, on l’aime ou on le déteste tout de suite. Il aurait pu jouer dans un film d’Audiard, donner la réplique à André Pousse, mettre une baffe à Jean Lefèvre, être le meilleur ami de Lino Ventura… Mon père l’aurait adoré!
Il ressemble à son bistrot l’ami Jean-Louis , il est plein d’anecdotes, il est chaleureux, il a la gouaille et la tête comme un musée. Mais si avez lu l’article en lien ci-dessus, vous avez à peu près compris qui est Jean Louis.
Les organisateurs de cette belle soirée :
J’ai rencontré Agnès et Ahcène lors de l’anniversaire d’Agnès que cette dernière m’avait demandé d’animer chez eux en novembre dernier.
Nous avons très vite sympathisé, tant ce couple là est attachant. C’est aussi là que j’avais rencontré l’ami Jean Louis cité plus haut. La soirée d’anniversaire était réussie alors ils ont pensé à moi pour celle-ci et je les remercie de cette confiance renouvelée.
Agnès et Ahcène ont organisé cette soirée magique le 5 février pour remercier les clients de leur entreprise. Un joli geste que les invités ont je crois su apprécier à sa juste valeur.
Leur société s’appelle Desfougeres, spécialisée en rénovation, aménagements etc..ils sont sérieux, sympas, alors si quelques lecteurs de cet article sont intéressés, voici le lien :
Le public invité :
J’ai aimé observer ceux qui entraient pour la première fois chez Walczak. Les yeux écarquillés comme quand on entre dans un lieu féérique. Le bistrot, à leurs yeux, se transformait en caverne d’Ali Baba ou encore château de la belle au bois dormant.
Ça rendait immédiatement les gens sympathiques. Et puis être accueillis comme savent accueillir Agnès, Ahcène, Jean Louis, et dans un tel endroit, y a quand même de quoi être heureux non?
Après un apéro convivial, debout dans l’allée centrale du restaurant, ce qui permet de faire plus ample connaissance, les convives ont fini par rejoindre leurs places attitrées.
Les copieuses entrées arrivaient :
Les discours :
Ahcène :
Ahcène nous a offert un petit discours d’accueil bien sympathique et annoncé le programme, avec simplicité et des mots gentils pour chacun des intervenants de la soirée, car nous étions nombreux à participer.
Gérard Letailleur :
Gérard est écrivain. Ses passions : l’histoire de Paris, les bistrots, les artistes, les gens vrais !
Il nous a offert une mini conférence sur ce lieu mythique.
Quand Gérard s’exprime dans cette jolie langue qu’on appelle le français on l’écouterait des heures durant.
Plus tard dans la soirée nous étions voisins de table, j’ai beaucoup apprécié cet homme là.
Voici le lien (en cliquant sur la photo ci-dessous) vers un de ses ouvrages que je vous recommande:
Et si vous arrivez à le trouver (la fnac peut être?) je vous conseille vivement ce livre que je viens de finir de lire et qui est passionnant , merci Gérard pour la dédicace.
Pendant la belle mini-conférence de Gérard, j’ai dégusté deux tartines de saumon fumé et une de foie gras! Des produits extra! Même le pain est à tomber à la renverse. Une grosse miche de pain au levain. Le saumon sublime, le foie gras idem!
Parce que c’est comme ça Chez Walczak on ne plaisante pas avec la qualité de la bouffe, ni celle du vin. Les produits servis chez eux c’est sérieux, très sérieux.
Les animations :
Tout au long du repas , les artistes ont défilé.
Le premier à passer derrière le micro était l’ami Bernard.
Bernard Nadel:
En voilà un personnage intéressant aussi. Bernard c’est pas le genre de type a te taper dans le dos et faire copain-copain tout de suite, pas le genre de mec qui offre son amitié sur un plateau, et je comprends – tout comme pour Jean-Louis – qu’on puisse ne pas l’aimer immédiatement.
Mais quand on gratte un peu sous l’écorce, il ne manque ni de classe, ni de sensibilité le Bernard.
Pied sur une chaise, guitare sur les genoux, gapette « Audiard » vissée sur la caboche, Bernard visite et revisite le répertoire de maître Brassens avec brio!
Il n’essaie pas d’imiter l’illustre chanteur à moustache et parfois il se permet quelque folie, adapter avec talent un poème de Ronsard sur l’air des « passantes » par exemple. Chez Bernard, Brassens c’est sérieux. Les chansons de Brassens, le vin , la qualité de la bouffe, tout ça c’est idem pour lui et pour l’ami Jean-Louis.
Bernard a joué deux ou trois chansons puis un copain de la grande famille Walczak, également invité ce soir là, est venu le rejoindre au micro pour nous interpréter Les copains d’abord. Ce copain là c’est Bébert, chanteur du groupe « les Forbans ».
J’étais derrière, avec vue et « nez » sur la cuisine, seule place possible pour régler le son du micro et de la guitare, et intervenir en cas de besoin, à ma place d’ingénieur son d’un soir…
Pendant ce temps Christophe, chef cuisinier nous préparait la suite des réjouissances pour nos délicates papilles gustatives.
L’ami Bébert, plutôt spécialiste du Rock n roll a voulu enchainer avec une ou deux chansons du répertoire rock américain, 50’s. Il m’a demandé de l’accompagner à la guitare et nous avons enchaîné Be Bop A Lula de Gene Vincent et That’s Alright Mama, étant tous deux fans d’Elvis Presley.
Après cette pause musicale dynamique, nous sommes tous retournés à table pour quelques dégustations préparées et servies par Christophe. Une pièce de boeuf extrêmement tendre, quelques pommes de terre rissolées. Magnifique!
Ensuite c’est Arnaud Askoy qui s’est levé et dirigé vers le micro!
Arnaud Askoy :
Arnaud, c’est Brel! La tronche, la gestuelle, la voix, la minceur… impressionnant!
Sympathique garçon que j’ai eu le plaisir d’avoir comme voisin de table (en face), Arnaud nous a offert un mini récital « Jacques Brel » avec 4 morceaux bien choisis : La chanson de Jacky, Les bourgeois, Amsterdam et La Valse a Mille Temps.
En regardant et en écoutant Arnaud et Bernard, dans cet endroit qui n’a guère pris de rides depuis les années 50, je crois que tout le monde a pu se faire une idée de ce qu’avaient pu être les débuts de ces deux géants, deux des fameux 3 B., Brel et Brassens.
Pause fromage : Un plateau comme on n’en voit plus ! A tomber! Le verre de vin qui va bien avec ..
Je me suis contenté d’un léger (mais délicieux) morceau de St nectaire car juste après le fromage c’était à mon tour d’entrer en piste.
Agnès et Ahcène comptaient sur moi pour dynamiser la fin de repas, et faire chanter les convives sur les grands succès des années 60, 70, 80.
Les tubes de ces années là ne manquent pas d’auteurs talentueux non plus, permettez moi d’en citer quelques uns : Pierre Delanoé, Etienne Roda Gil, Renaud, A.Souchon, M.Delpech, Serge lama…
Leurs oeuvres sont classées « variété française » mais ils n’en sont pas moins de magnifiques auteurs et certaines de leurs chansons sont éternelles.
Bernard a tenu absolument à faire un petit discours pour me présenter et j’en étais très touché!
C’était donc parti pour les plus grands succès de Michel Delpech, Joe Dassin, Christophe, Polnareff, Hervé Vilard, Fugain, Julien Clerc, Marc Lavoine, entre autres.
Les gens ont adhéré dès la première chanson et ne se sont pas fait prier pour chanter avec moi, et taper dans les mains quand la chanson s’y prêtait.
Etant équipé en HF (sans fil) je pouvais me déplacer dans l’allée centrale et aller voir tous ces visages réjouis de plus près… c’était très agréable!
Les deux organisateurs, au comptoir, n’en perdaient pas une miette et semblaient franchement heureux.
Ahcène, fan des sixties, est venu courageusement chanter un titre de Johnny avec moi . L’idole des jeunes.
Et puis je ne pouvais pas chanter du Johnny sans inviter Bébert à un duo de choc sur Toute la musique que j’aime.
Il n’y a pas de soirées sans quelques titres de Claude François, et sans les Clodettes qui vont avec.
Ce soir là Agnès, Astrid (compagne de Bébert et danseuse professionnelle), Carole et Roy se sont dévoués. Roy est le « gendre » d’Agnès et Ahcène, et comme j’ai précisé que « dans les clodettes il y avait toujours une black » , Roy, non sans humour, est venu gentiment faire la 4 ème clodette. Un grand merci à toutes et un coup de chapeau à l’ami Roy.
Ces quelques photos vous laisseront une idée de la belle ambiance sur Cette année-là.
Après cette chorégraphie improvisée, quelques chansons pour que tout le monde reprenne en choeurs des refrains très connus. J’ai conclu avec Pour un flirt et La ballade des gens heureux.
En guise de rappel, j’ai proposé à l’ami Bébert de venir chanter avec moi Chez Laurette, et bien que ce ne soit pas trop son répertoire il s’est fort bien débrouillé. Alors pour le plaisir de tous, j’ai embrayé sur Can’t Help Falling In Love d’Elvis Presley et ce moment en duo a été très apprécié si j’en juge par l’ovation reçue.
Il était temps de se dire au revoir, pas avant d’avoir échangé quelques mots, quelques sourires, quelques gentillesses.
Les artistes présents n’ont pas oublié de venir me remercier pour la gestion du son de leur prestation et j’ai apprécié cette démarche.
Bravo et merci à Christophe et celle dont j’ignore le prénom (pardon, je l’ajouterai plus tard) respectivement cuisinier /serveur/ serveuse pour leur accueil, leur disponibilité et leur professionnalisme.
Pendant que je commençais à enrouler mes câbles, Bernard a ressorti sa guitare pour nous faire plaisir avec quelques « Brassens » de plus, notamment L’orage que notre ami Jean Louis a chanté de bout en bout et sur lequel je me suis permis de ressortir ma Takamine pour quelques accords, en tout petit comité.
C’était un moment privilégié , celui d’après fête où l’on se retrouve, guitares sur les genoux, entre amis. Des moments devenus rares dont il faut savoir profiter.
Un grand merci à ceux qui m’ont filé un coup de main pour ranger mon matériel et notamment à Bernard Nadel pour l’aide apportée jusqu’au coffre de ma voiture.
Et puis ce soir là , j’ai eu bien des occasions de penser à mes grand-parents :
- Les « maternels » qui ont tenu un bistrot de 1936 à 1978, rue de Turenne, à l’angle de la rue du parc royal, au coeur du « marais » , quartier qui à l’époque était populaire, et j’imagine que l’ambiance à « la chope Morvandelle » ( nom du bistrot de mes grand parents, qui s’appelle maintenant le café des musées) ne devait pas être très éloignée de celle qui régnait chez Walczak.
- Les « paternels » également, originaires du nord de la France. Qu’on soit originaire de Hongrie comme ma grand mère Olga, ou de Pologne comme les Walczak, et qu’on arrive dans le nord de la France, pays des Corons et des mines où les aïeuls de mon grand père travaillaient dur et ne faisaient pas de vieux os, on est de la même « famille ». Mon grand père, fan de boxe, a certainement idolâtré le papa de Jean-Louis. Il avait transmis cette passion à mon papa qui m’emmenait dès que possible voir les meetings au cirque d’hiver. Avant nous allions manger une choucroute chez Jenny… quelle belle époque! J’aurais aimé que mon père vive plus longtemps. Je l’aurais emmené « aux sportifs réunis » , il se serait senti chez lui et il aurait certainement aimé Jean-Louis, Ahcène, Agnès, Gérard, Bernard et Bébert.
Mon père avait un sens très développé de la fraternité. Son « bistrot » à lui c’était chez Younès à Levallois. Un couscous Kabil comme on n’en fait plus. Une ambiance de potes. Donc j’ai forcément pensé très fort à mon papa, Michel Foulon, ce mercredi là.
Merci Agnès. Merci Ahcène. Vous avez organisé une très belle soirée… entre amis.
Jean-Louis, merci de m’avoir, de nous avoir tous accueillis comme des rois.
Le bonheur c’est que j’y retourne le 23 février, donc tout bientôt! Anniversaire privé.
Pardon chers lecteurs pour la longueur de cet article, mais le lieu et les personnes méritaient que je m’attarde un peu, n’est ce pas?
Quelques liens utiles:
Bernard Nadel :
Gérard Letailleur :
https://www.fnac.com/ia451438/Gerard-Letailleur
Arnaud Askoy :
Et comme j’imagine que vous avez apprécié les magnifiques photos jointes à cet article , sachez qu’elles sont les oeuvres de Carole Campanella. Un immense merci et bravo Carole!
Cher Laurent,
C’est avec grand plaisir que j’ai pris connaissance du compte-rendu de notre agréable soirée chez Jean-Louis, et je te remercie infiniment de tes commentaires élogieux concernant mes ouvrages. Outre la charmante compagnie des invités d’Agnès et Ahcène, ta présence nous a tous enchantés !
En espérant te revoir prochainement, je te réitère toutes mes amitiés.
Gérard