Ce mercredi 4 janvier c’est à Versailles que je suis allé célébrer un centenaire. Celui de l’ami Robert, résident de la maison St Louis, située pas loin du château, à quelques encablures de la cathédrale St Louis.
J’aime beaucoup cet établissement de retraite. C’est sans doute le plus religieux des ehpad labellisés «monsieur Vincent » que je fréquente. On y croise encore pas mal de Soeurs et de Pères. Il est aussi un de ceux qui dégage le plus de bonnes ondes. Peut être est ce dû justement à son côté « catholique » ? Sans aucun doute.
C’est certainement dû aussi à tout l’amour qu’apporte en ces lieux Marie Pierre, la bien traitante animatrice de la maison St Louis. En tout cas c’est une maison où j’aime allé, où je me sens bien, où les résidents sont très agréables. J’ai pris mes marques là bas, je m’y sens comme chez moi et quand j’y suis reçu c’est toujours en ami.
Les établissements Monsieur Vincent accueillent de plus en plus de « Laïcs ». Robert est de ceux là.
Robert fait partie des résidents avec lesquels j’ai le plus de complicité quand je chante. Il est très concentré , très attentif , et il partage les chants avec tout le monde, avec certes un léger décalage car il est quand même un peu dur de la feuille mon ami Robert, mais lorsqu’on a 100 ans on est largement excusable d’être un peu décalé n’est ce pas?
Marie Pierre m’avait demandé de venir pour les 100 ans de Robert la dernière fois que j’étais allé à Versailles. C’était en octobre dernier.
Ce Mercredi 4 janvier, Robert était en pleine forme ! Heureux , joyeux! Je l’ai croisé en arrivant dans la maison à 14h30. Il ne tenait pas en place et allait et venait avec son fauteuil roulant dans la salle des goûters. Il me dit : « c’est la fête ! A 15h ! J’ai 100 ans ! » avec un sourire éblouissant. Le sourire de Robert. Tout le charme incarné.
Je me suis dirigé vers la salle de restauration où les tables et chaises en place n’attendaient plus que les résidents.
Quelques bénévoles et stagiaires s’affairaient pour aller chercher les plus dépendants. Marie-Pierre, citée plus haut, se démenait pour préparer le terrain et motiver les troupes. La salle était joliment décorée.
A 15h, la fête a pu commencer. La fille de Robert a pris un micro et nous a brièvement résumer la vie de son papa, qui, entre parenthèses n’est en ehpad que depuis deux ans et demi puisqu’avant, donc jusqu’à presque 98 ans il vivait dans une résidence pour Séniors autonomes. Une vie de voyages , de trains, d’horaires souvent décalés, une vie de SNCF.
La petite fille de Robert était des nôtres aussi et je crois bien que nulle autre personne qu’elle n’aurait pu rivaliser dans les yeux et le coeur de Robert. Ils étaient beaux à voir tous les deux. Je les ai beaucoup observés et c’était très émouvant.
Après le discours de la fille et celui de la petite fille, c’est le directeur de la maison St Louis, Dominique de Rugy, qui a pris le micro pour dire quelques mots sympathiques, puis Marie Pierre a conclu avec des mots très touchants.
Il était temps de chanter. J’ai donc mis ma guitare en bandoulière et c’était parti pour faire la fête.
L’ami Robert ne tenait pas en place. Nous l’avions mis face au public à mes côtés mais il se plaignait que son fauteuil était bloqué. Il m’a fait beaucoup rire. En effet les freins du fauteuil étaient enclenchés.
Robert me dit « Ils m’ont bloqué » ! Allez hop, aussitôt il débloque ses freins et le voilà parti dans l’allée centrale en chantant à tue-tête au milieu des convives. Au top l’ami Robert !
Allez hop , Les champs Elysées , Siffler sur la colline , Mon manège à moi , tout ça par coeur !
Je crois qu’il n’a jamais autant chanté !
De temps en temps , sa petite fille s’approchait pour prendre des photos et Robert me disait fièrement : « C’est ma petite fille ! ». Je la regardai assise à une table pour ne pas déranger l’animation, ne pas s’imposer où pour cacher sa forte émotion. Elle regardait son grand père chanter avec des yeux d’amour !
Les résidents ont bien répondu. Ils ont participé largement. Mon ami Christian que j’étais ravi de revoir, en tête.
Le personnel restait discrètement au fond de la salle, de même que le directeur. Ils participaient tous en tapant dans les mains mais n’osaient pas trop s’approcher. J’ai tout de même réussi à faire venir 4 soignantes pour les faire danser autour de Robert !
Mon moment préféré :
Je sais que Robert aime beaucoup le temps des cerises. J’ai souvent chanté cette belle chanson d’amour devant lui. Cette fois-ci, en l’honneur de ses 100 printemps, j’ai tenu à la chanter avec lui en duo.
Je me suis assis sur une chaise à côté de lui en lui faisant promettre de ne pas desserrer ses freins, pour qu’on puisse rester ensemble. Il a tenu bon. Non seulement il est resté en place et en plus il l’a chanté avec moi par coeur! Sa petite fille était venue s’assoir à sa gauche et l’a chantée avec nous (par coeur aussi). De temps en temps elle tournait la tête et regardait/écoutait son grand père avec des yeux plein de tendresse … c’était un très joli moment .
J’ai enchainé avec « je n’aurais pas le temps » que tout le monde a repris en choeur, Robert le premier. Marie Pierre était émue. Marie Pierre aime les chansons , aime entendre les résidents chanter.
Nous avons conclu avec un « pour un flirt » extrêmement joyeux, avec un Robert roulant dans l’allée, poussé par Vincent (bénévole). Nous avons fait trois aller-retours le temps de la chanson. Moi à reculons devant Robert qui fonçait… on s’est bien marré.
Le gâteau de centenaire est arrivé. Les bougies (pas 100 mais beaucoup quand même tout autour et au milieu du gâteau) aussi.
Nous avons chanter très très fort le joyeux anniversaire de circonstance et à la fin de la chanson , Robert a soufflé sans difficulté toutes les bougies.
Après un morceau de gâteau et deux flutes de champagne, Robert a eu un coup de pompe. Il a demandé à sa fille de le remonter dans ses pénates, non sans m’avoir salué. Il avait beaucoup donné de sa personne et sa fatigue était compréhensible. Mais ce jour là il était heureux comme un poisson dans l’eau.
Je suis resté quelques minutes pour bavarder avec Christian et Philippe, nouveau résident très sympa qui rivalise de culture musicale avec Christian. Ces deux là vont bien s’entendre c’est certain.
Je reverrai l’ami Robert et toutes ces belles personnes de la maison St Louis fin janvier, donc bientôt, et ça me rend heureux.
Merci à Marie Pierre pour l’accueil toujours aussi chaleureux, et pour la confiance accordée une fois de plus.