Pour une fois j’étais un peu en retard pour cet atelier particulier en Unité de Vie Protégée (UVP) à l’accueil St François de fontenay sous bois.

Normalement je commence à 15h et j’arrête au moment du goûter (16h). Cette fois, j’ai attaqué  à 15h45.

Cela n’a pas perturbé les résidents. Peut être un peu plus le planning des aides soignantes et agents de service. J’en suis désolé.

Juste avant d’entrer dans cette unité de vie particulière que là bas on appelle le Foyer, je suis allé chercher mes affaires (guitare, sac…) dans la voiture sur le parking. Je suis tombé nez à bec face à trois poules qui gambadaient.

Alerte !!! Les poules du foyer se sont échappées !  J’ai sonné l’alarme auprès d’Armelle, l’animatrice de la maison. Elle est ressortie du foyer tandis que je menais les poules vers leur jardin à la manière d’un chien de berger ramenant le troupeau au bercail.

Armelle, fille de la campagne  et épouse de vrai paysan d’origine, a attrapé une première poule pour la ramener sur le droit chemin, tandis que je viellais à ce qu’aucune des deux autres ne s’échappe…. genre « hop hop hop les cocottes on reste avec tonton Laurent »

Je pensais naïvement que ces poules là se laisseraient câliner et attraper comme font celles de ma jolie maman à Vaison  la romaine, en douceur , avec amour … j’étais  loin du compte et certainement un peu ridicule mais  Armelle est revenue me secourir et nous avons finalement pu ramener  ces deux dernières cocottes à la raison , à savoir, au poulailler et que ça saute !

Pendant ce temps mes amis du foyer se régalaient de leur précieux goûter.

Il faut savoir qu’il ne faut pas perturber une personne souffrant de la maladie d’alzheimer (ou apparentée) lorsqu’elle est en train de manger, surtout si c’est sucré.

J’ai donc attendu que ce petit monde se sustente pour vraiment m’installer.

Sylvaine n’avait d’yeux que pour sa crème dessert, Thérèse pour son pain au chocolat ( que Pierre lui a d’ailleurs habilement dérobé), Alicja pour sa jolie pomme qu’elle a découpée et partagée avec tous. Paul avait fini et ne semblait avoir d’yeux que pour ma guitare, Nicole que pour une proche qui lui rendais visite et Azzedine que pour moi.

Azzedine est descendu spécialement pour moi, ça m’a touché. Nous sommes allés ensemble au jardin car il aime me cueillir un bouquet de romarin quand je leur rends visite.

Il nous a fait marré Azzedine, en mettant sa casquette de travers et en disant « wesh ma gueule »

Puis petit à petit les résidents se sont installés autour de/face à moi…Ce n’est jamais facile de les faire assoir et surtout de leur demander de rester assis perdant une heure, et pourtant à chaque fois ça marche… la chanson y est certainement pour quelque chose …

Une fois tout le monde installé nous avons chanté ensemble.

 

J’aime ce moment où les visages changent de forme, où les sourires remplacent les grimaces, où les regards dans le vide deviennent des regards souriants , concentrés , connectés avec les chansons. J’ai l’impression de voir des gens rajeunir , revivre, être eux mêmes avec le moins de troubles du comportement possibles.

Tout le monde est resté très attentif et assis pendant une heure.

L’atelier  est pour certains « mémoire et interactif » , « bien être et douceur «  pour d’autres:

Ils ont écouté les histoires  de chansons que je leur racontais. Ils ont participé à quelques quizz simples. Ils ont ri à mes bêtises, j’ai ri aux leurs.. Nous formons un joli petit groupe de copains.

J’ai joué du Hugues Aufray et nous nous sommes imaginé que nous étions tous autour d’un feu de camp sur une plage et que l’un d’entre nous avait amené une guitare… tout le monde souriait à cette idée, ils avaient tous 20 ans à ce moment précis.

 

Armelle, toujours très présente, attentive et bienveillante, est restée avec nous discrètement et en a profité pour prendre quelques photos qui illustrent cet article (merci)

Quelques exercices rythmiques (taper dans les mains rythmiquement en place en chantant) qu’ils réussissent de mieux en mieux.

Mon copain Paul a eu son quart d’heure de gloire en interprètant deux chansons devant ses amis, debout à mes côtés. Sodade de Césaria Evora et Is this love de Bob Marley

Ma copine Thérèse ne tenait plus. Il fallait qu’elle se lève, qu’elle bouge. Elle a donc aussi eu son moment en duo avec moi. Mon manège à moi d’Edith Piaf, chanson pour laquelle Thérèse a reçu une ovation amplement méritée.

Paul et Thérèse ont même chanté en duo : No woman no cry 

A la fin j’ai demandé à tout le monde de se lever pour un dernier morceau festif. Sylvaine, Gabriel, Michel, Paul, Alicja, Thérèse, Azzedine… tout le monde a fait la fête joyeusement autour de ma guitare. Je n’avais jamais vu Azzedine bouger ses jambes et se trémousser, ça m’a fait drôlement plaisir.

Ces ateliers « chansons »  particuliers vont dans le bon sens. Les résidents progressent. Ils savent que ce moment musical est « leur moment » privilégié. Un lien solide s’est tissé entre nous et aussi entre eux autour de quelques chansons.

J’aimerai vraiment à l’avenir faire plus d’ateliers comme ceux-ci.

Avis aux ehpad ! Ne pas systématiquement me faire venir pour les « anniversaires du mois », pensez à ceux qui souffrent de troubles de la mémoire et du comportement , ces ateliers sont fait pour eux! Je suis assez disponible en milieu de mois pour ce genre d’activités. les fins de mois sont chargées jusqu’à fin décembre 2022.

Dans les Unités de Vie Protégées la musique et notamment la chanson populaire a toute sa place !

Les ateliers mis en place par Guylaine et Armelle respectivement directrice et animatrice de l’accueil St François pour les résidents de leur unité protégée sont une belle réussite. C’était un chouette pari et les résultats sont là. Leurs résidents semblent vraiment heureux de ces moments « entre nous » et arrivent à rester calmes et concentrés lorsqu’on est ensemble.

Je retourne à l’ASF le 25 novembre pour une fête musicale pour tout l’établissement. Une première partie pour ceux de l’ehpad et de l’accueil de jour, et une seconde partie réservée à mes amis du foyer. J’ai hâte!