C’est avec la plus grande des joies que je me suis rendu au 77 rue de Reuilly, au coeur du 12 ème arrondissement de la capitale ce jeudi 4 juin.
Monique, l’animatrice de la résidence Catherine Labouré (association monsieur Vincent) avait eu la bonne idée de m’appeler quelques jours auparavant : « Laurent, mes résidents dépriment, certains n’ont pas de famille, je crois que ça leur ferait du bien de te revoir… et nous, les soignantes, aussi. »
Punaise si c’est pas de l’amour de son prochain ça, c’est quoi?
Cette animatrice est top, elle a tout compris.
C’est ainsi que nous avons décidé, Monique et moi, de programmer une animation dans les étages, au plus près des résidents, en petit groupes.
J’allais à leur rencontre, au plus près de leur chambre, dans les petits salons confortables de chaque étage, et parfois même j’ai laissé trainer quelques accords de guitare, quelques notes de mélodies et quelques gouttes de sueur, dans les couloirs, devant les chambres ouvertes de ceux qui n’avaient pas la force ou l’envie de sortir. J’ai même joué dans l’ascenseur, entre deux étages, pour le plaisir.
Une fois équipé de la visière qu’ils m’ont fournie, une fois le café (offert par Monique) avalé, une fois ma chemise propre et sèche passée, une fois ma guitare accordée, nous avons commencé par le 5 ème étage, là où les plus « déambulants » et ceux dont la mémoire a tendance à se faire la belle, se trouvent. On appelle cela une unité de vie protégée (UVP).
Mes copains et copines de l’ UVP étaient tout au bout d’un long couloir. Ce sont eux qui ont la plus large vue sur Paris et le parc qui ceinture la résidence, puisque situés au cinquième.
Ils ne m’ont pas capté lorsque je suis arrivé. Ils étaient scotchés devant la télé, l’air triste ou absent. Certains piquaient du nez, d’autres, suivant leurs pathologies, s’agitaient.
Une fois la TV éteinte, dès les premiers mots, une résidente me dit « mais j’vous connais vous, je me rappelle de vous… » avec un sourire comme vous n’imaginez même pas.
Les autres étaient attentifs à mes mots et ceux qui ne tenaient pas en place se sont assis dès les premières notes. Et là j’ai découvert d’autres visages: attentifs , souriants , joyeux, beaux.
La magie de la musique tout de même…
Et ainsi , de couloirs en pièces à vivre (salons) et d’étages en étages, j’ai fait entendre ma voix et ma guitare dans la totalité de l’établissement.
L’étage le moins facile fut celui où demeurent quelques « pères » et quelques « soeurs », Le 2 ème.
Les « pères , en vieux ours souvent bougons qu’ils sont, n’ont même pas pris la peine de sortir de leur tanière. Et la majorité des soeurs qui sont venues chanter ont pris un air assez détaché de l’événement. Pas grave , j’ai géré.
L’association Monsieur Vincent a encore quelques religieux en son sein. Tous les établissements de cette association ont un nom à consonance religieuse. Ici, c’est Soeur Catherine Labouré qui a laissé son nom à cet ehpad.
À l’autre extrémité du 5 ème, j’ai retrouvé deux copains :
Vincent qui était tellement heureux de me voir qu’il en pleurait de joie. Je lui ai joué tout ce qu’il a voulu, notamment Hugues Aufray Et puis François, très heureux également et qui a su le dire haut et fort. Pour lui j’ai chanté du Johnny. Dans cette même aile, il y avait une petit dame rigolote dont j’ignore le prénom et qui m’a dit : « Je me souviens bien de vous, j’étais amoureuse de vous… » ah ah ah… certaines pathologies désinhibent.
Le troisième étage m’a semblé être celui où ceux qui y vivent étaient les plus touchés moralement par cette période anxiogène, et j’étais heureux de mettre un peu de soleil dans le coeur de ma copine Anne-Marie.
J’ai donc terminé avec le 1 er étage.
C’est au premier que j’ai eu la plus large assistance. Il y avait une belle ambiance de fête à cet étage là. Toutes et tous étaient contents de me voir et c’était bien réciproque.
Le répertoire du jour a été totalement improvisé, en évitant de jouer les mêmes chansons, sauf une, parce que j’avais décidé qu’il y aurait une chanson commune à tous les étages : Les Champs-Elysées
Je leur ai tous expliqué que cette chanson était commune à tous les étages pour qu’ils aient l’impression d’avoir été tous ensemble à faire la fête autour d’une chanson. Une mélodie qui réunit.
Monique, l’animatrice, m’a accompagné partout, m’a guidé dans les couloirs, a fait la fête avec nous, a chanté, dansé … et pris des photos, mais je ne suis pas certain de les avoir pour illustrer cet article.. alors je mets deux photos d’ anciennes animations dans cette grande salle dont ils disposent ordinairement, pour vous donner une idée du nombre de résidents En tout cas bravo à Monique !
Bravo et merci aux soignantes qui préparaient des crêpes à tous les étages. Des crêpes, goûter de fête pour un jour exceptionnel.
Avant de repartir, la directrice, d’un commun accord avec Monique, m’a demandé mes disponibilités dans une quinzaine de jours pour faire la même chose. Nous avons donc fixé le 17 juin. Youppi!
Chaque établissement qui m’a « recontacté » depuis quelques semaines, essaye de faire au mieux et d’une manière différente pour apporter de la joie à leurs résidents.
Certains, comme c’était le cas à la résidence Catherine Labouré, organisent des déambulations dans les couloirs, d’autres des prestations en extérieur (selon le temps). Chacun fait de son mieux…
C’était très émouvant pour moi de revoir certains visages. J’étais très très heureux de cette journée du 4 juin.
A vite! et en forme!
http://www.monsieurvincent.asso.fr
2 réflexions au sujet de « Animation post covid-19 à Paris 12 »